Etoile - Mortagne au Perche
Halle aux grains
Halle aux Grains - Photo Christophe Aubert©
Hall cinéma - Photo Christophe Aubert©
Halle Rez-de-Chaussée Cinéma - Photo Christophe Aubert©

Le Cinéma occupe l’étage d’une ancienne Halle aux Grains datant de 1822. 

Point central de l’activité commerciale mortagnaise, on s'y bousculait les jours de marchés.

Le rez-de-chaussée abritait les grains, les blés et autres denrées, la première partie de l’étage accueillait la halle aux toiles et la seconde servait aux « grandes réunions et même à recevoir des artistes dramatiques ».

En 1900 - après une période de disette due au mauvais état du théâtre - les tournées s'enchaînent. Les acteurs et actrices des grands théâtres parisiens foulent la scène du théâtre municipal. On y joue des pièces des Bouffes Parisiens, de la Comédie Française ou du Théâtre du Palais Royal mais aussi des grands concerts, des spectacles de magie, des hypnotiseurs et et des soirées de Bienfaisance données aux bénéfices des pauvres de Mortagne.

Le Voyage en Chine 1906
programme 1902 LE ROMAN
programme 1904 MICHEL STROGOFF
Tourbillon humain 1905
programme 1909 SOIREE BIENFAISANCE
Dicksson 1904

 Avant 1907, le Cinématographe des Frères Lumière – inauguré le 28 décembre 1895- était l'exclusivité des forains. Les films étaient projetés sous des chapiteaux ou des baraques de foires. Mais, désormais, le cinématographe s'installe dans des salles fixes, souvent des théâtres. 

La salle de Théâtre de la Halle aux Grains devient pour la première fois, salle de cinéma.

La première séance connue date du lundi 16 mars 1907. Elle est assurée par la société "Omnia" concessionnaire de célèbre Cinématographe Pathé Frères. Le courant électrique, ainsi que l'éclairage de la salle, sont fournis par une voiture Automobile d'une puissance de 50 chevaux. La séance est organisée à la Salle des Fêtes, derrière la Mairie.

Au programme : des films de quelques minutes, drame  - "Le Petit Béquillard",  fantaisie "Petit Frère sous les choux", comique "Farces de Frise-Poulet" mais aussi des féeries en couleurs et les actualités.

A partir de 1909, le cinématographe s'installe dans le Théâtre des Halles. Les Tournées itinérantes s'enchaînent, elles sont assurées par la "Société Américaine des Grandes Tournées Cinématographiques par Automobiles" qui présente "The New Kinétograh"  une grande soirée de gala de 2 heures 1/2 avec un entr'acte.

En 1911 "The Royal Wio" propose une attraction cinématographique sonorisée avec des bruitages - imitation des bruits de l'eau, du pas des hommes et des chevaux, du grondement du canon. , etc. -  mais aussi, pour la première fois, la photographie directe des couleurs (découverte par les Fils Lumière) et le cinématographe parlant avec paroles et musiques enregistrées.

En 1914, "The Splendid American Cinema" propose un spectacle de 3 heures avec du théâtre filmé et projeté au cinéma  et "La Société Parisienne des Grandes Tournées Cinématographiques", avec le concours des nouveautes Pathé Frères, présente un programe en deux parties : 18 films : "la revue de Vincennes par le Roi d'Angleterre ;  " "La Jacquerie" un drame historique en couleurs ;  "Max Virtuose" un film comique du célèbre Max Linder...  Les appareils sont actionnés par des groupes électrogènes.

Entrée Théâtre 1920
cprogramme cinéma 1907
programme cinéma 1909
programme cinéma 1910
programme cinéma 1911
programme cinéma 1914

La “belle société mortagnaise” afflue à chaque occasion sous les halles, autant pour le théâtre que pour le cinéma désormais. On y donne Alfred de Musset, George Sand mais aussi Charlie Chaplin (Le Kid, La Ruée vers l'or...) Buster Keaton (Le Mécano de la Générale)  Harold Lloyd (Monte-là Dessus)...

Dans les années 30, il faut louer ses places chez la concierge du théâtre pour être sûr de pouvoir s'asseoir devant l'écran les soirs de représentations. C'est vrai que l'époque est riche en films...et en acteur·rices. Les jeunes premiers s'appellent alors Jean Murat, Henri Garat, Pierre Fresnay, Jean-Pierre Aumont, Michèle Morgan... et Marie Glory, star du cinéma muet et née le 3 mars 1905  à Mortagne-au-Perche !

De son vrai nom Raymonde Toully, elle fût une des actrices les plus appréciés du Cinéma Français des années 30. Elle a été baptisée Marie Glory par Marcel L'Herbier en 1928, alors qu'elle tournait L'Argent sous sa direction. Après quelques films muets, elle tourne, en 1930, son premier film parlant L'Enfant de l'Amour en retrouvant L'Herbier. Ce film sera suivi durant cette décennie d'une succession de réussites avec des comédies sentimentales : Dactylo (1931), de Wilhelm Thiele, où elle chante auprès de Jean Murat ; Charlemagne (1933) avec Raimu ou Le Paquebot Tenacity (1934) de Julien Duvivier avec Albert Préjean...

Elle a ensuite joué avec  Michel Simon, Jules Berry,  Danielle Darrieux, Maurice Chevalier avec qui elle tourna Avec le Sourire (1936) de Maurice Tourneur. Elle jouera ensuite auprès de Noël Noël  (La Fugue de Monsieur Perle, 1952), Brigitte Bardot (Et Dieu créa la femme, 1956), Yves Montant (Premier Mai, 1957), Charles Vanel (Rafles sur la Ville, 1957). C'est avec La Chatte sort ses griffes (1959) de Henri Decoin qu'elle clôturera sa carrière dans le cinéma.

affiche L'ARGENT de Marcel L'Herbier
Marie Glory 1
Marie Glory
Ciné Miroir Marie Glory
Avec le Sourire Marie Glory

Au Théâtre de Mortagne, les séances se succèdent grâce aux tournées itinérantes. 

En septembre 1934, M. Collin commerçant droguiste à Mortagne prend le théâtre en location afin de proposer des séances cinématographiques « sonores et parlantes » régulièrement, tous les 15 jours : le samedi en soirée et le dimanche en matinée.

M. Collin est ainsi le premier exploitant du « Cinéma Parlant Mortagnais ».

En 1946, se pose de nouveau la question de la réfection de la salle de spectacle. Jadis baptisée « petit bonbonnière », elle fait aujourd'hui figure de danger public. Au point que les instances préfectorales la menacent de fermeture pure et simple. 

En septembre 1947, suite à l'incendie du cinéma de Rueil – qui a provoqué la mort de 90 spectateurs - un arrêté contraint effectivement la salle à fermer ses portes. La Préfecture autorise néanmoins la réouverture quelques jours après - sans qu'aucuns travaux réellement sérieux n'aient été effectués – à la condition de faire disparaître le balcon et la scène.

Le théâtre qui avait fait les heures de gloire de ces lieux, y est désormais interdit.

Le 29 novembre 1947, M. Collin, directeur et propriétaire du "Cinéma Mortagnais" annonce la réouverture de la salle qui désormais sera exclusivement reservée à l'exploitation cinématographique et informe le public que l'enseigne sociale de son établissement sera « ETOILE CINEMA »

 

Salle 1950
Salle 1970
Salle 1990

Après plus de cinquante ans d’exploitation privée, le cinéma deviendra associatif en 1984. L'équipe de bénévoles du cinéma Art & essai de Rémalard rachète le fonds de commerce et reprend la gestion de l'Etoile sous la forme associative à but non lucratif.

Héritière de ce passé l’Association Ciné-Lumière poursuit cette action patrimoniale et culturelle depuis 1992, au sein même d’un lieu qui a vu naître l’invention des Frères Lumière et projette des films depuis plus de 100 ans maintenant.

Palier Cinéma - Photo Christophe Aubert©
Entrée Cinéma - Photo Christophe Aubert©
Cabine de projection - Photo Christophe Aubert©
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